PRÉSENTATION
LE LIVRE
André Comte-Sponville, Jacques Mougenot et Gilles Perrault
Marie Laurence Gaudrat
Éditions Somogy
97 pages – 100 reproductions en couleurs – 27 x 29 cm
27,50 €
« Le sujet n’est pas ce qui importe. Ces belles endormies, ce n’est pas parce qu’elles dorment qu’elles nous apaisent. C’est parce qu’elles sont belles; c’est parce qu’elles sont vraies. Les paysages et les groupes, reproduits dans […] ce livre, peuvent nous donner le même sentiment, celui d’un plaisir en repos, comme dirait Épicure, celui d’une détente heureuse, ou presque heureuse, celui d’un grand calme, dont on sait bien qu’il ne va pas de soi, d’un grand silence, d’une grande simplicité, malgré la complexité de l’art et du réel, malgré la difficulté de vivre et de peindre… Cela fait comme un sourire, sur la misère des hommes. Comme une paix, dans le tumulte. Comme une lumière, sur la beauté du monde. »
André Comte-Sponville« L’air, c’est d’abord le plein air, le grand air, le bon air, celui des petits oiseaux, de l’espace, du ciel. Il est à profusion dans les toiles de Marie Laurence. On ne songe pas toujours à le remarquer parce que d’autres impressions priment, mais c’est précisément cette présence discrète qui en est la condition. Il est bon de le souligner, car la transparence impondérable de l’air et l’habitude que nous avons de le respirer sans en faire cas pourraient laisser croire à l’artiste qu’il est inutile de le peindre. […] Regardez Le pré en Aubrac, L’été à Saint-Basile, La ferme auvergnate, l’air n’y est pas ce vide invisible, cette absence de matière, cette transparence plus ou moins pure mais sans épaisseur, cet élément négligeable et comme ignoré de la composition ; il est au contraire palpable, dense, il fait partie du paysage comme ces collines, ces arbres, ces vallons, ces bâtisses, et ce ciel dont il est un commencement. Ainsi, entre notre œil et la ligne d’horizon, il y a plus que l’espace dont la perspective suffit à donner l’illusion, plus que la profondeur où la lumière s’abîme, plus que la beauté splendide de la nature, il y a cette masse d’air translucide, élastique et compacte dont le tableau est plein. On pourrait, semble-t-il, y mordre comme en un fruit. Au sens électrique du terme, cet air-là est conducteur : il met notre regard en contact avec chaque plan du tableau jusqu’au plus lointain, d’où cette impression de plus complète possession. Est-ce à cause de cela que certains paysages nous invitent, par mimétisme, à respirer plus largement, plus profondément ? À éprouver, par un phénomène de correspondances baudelairiennes, des sensations autres que visuelles ? Car, et c’est le tour de force de l’artiste comme la marque de sa sensibilité attentive et déliée, cet air-là a une température : il est frais, froid, torride, tiède ; il a une qualité tactile : il est humide, vaporeux, sec, piquant, doux, poussiéreux, cristallin ; il a un pouvoir : stimulant, apaisant, revigorant, enivrant. Et c’est lui sans doute qui confère à cette peinture sa première vertu, la plus utile, la plus féconde, la plus solaire : la santé. »
Jacques Mougenot« Ce que proclame la peinture de Marie Laurence Gaudrat, c’est le triomphe de la vie sur les forces malveillantes qui, de siècle en siècle, mutilent et nient l’humanité. Elle le fait sans tapage, de manière presque insidieuse et d’autant plus envoûtante. Elle sait saisir ces moments de sérénité, de paix et de douceur que nous connaissons même dans les pires tumultes. Elle montre l’opiniâtre désir d’aimer et d’être aimé qui est en chacun de nous. Elle nous murmure que la vie pourrait être ainsi si nous le voulions bien. »
Gilles Perrault